Les petits joyaux greco-turcs
Et si on mangeait un grec?!
La naissance du kebab a eu lieu en Allemagne lorsqu’un jeune immigré turc a eu l’idée de mettre de la viande grillée dans un pain au cours des années 60-70. La renommée du tout premier kebab se dispute principalement entre trois hommes, Kadir Nurman, Mehmet Aygun et Nevzat Salim laissant un flou sur le vrai précurseur. Les Turcs scandent que le kebab a bien été inventé dans leur pays et non en Allemagne. Bref, le mystère n’a pas empêché quiconque de terminer une soirée bien arrosée à 5h du mat avec une fringale et engloutir ledit sandwich ! Lorsque la Turquie s’appelait encore Empire Ottoman, les soldats turcs et grecs grillaient déjà des morceaux de viande en les tournant au dessus du feu avec leurs épées.
Mon cher compatriote bourguignon Bertrandon de La Broquère indiquait en l’an de grâce 1433 dans son livre Le voyage d’Orient : « les Turcs me firent manger de la viande rôtie, qui n’était pas à moitié cuite, il s’en fallait de beaucoup, et nous la tranchions alors qu’elle rôtissait sur la broche ». Il aura fallu attendre la fin du XIXème siècle pour que la broche verticale soit inventée par Iskender. Servi en assiette ou en sandwich, le döner ou le gyros n’a pas fini de tourner ! Pour conclure, je finirai sur une touche de chauvinisme, les kebabs et hamburgers n’ont pas fait plier notre sandwich baguette qui demeure n°1 avec son jambon-beurre en France.
Le café traditionnel
C’est bien connu, tous les pays préparent le café à leur manière. En Grèce, nous avons été surpris en commandant notre 1er café : le serveur nous a listé exhaustivement sa carte. Il y en a de toute sorte : des froids, des chauds, des frappés, des petits, des moyens, des américains, des espressos, sucrés ou non… et surtout le fameux café grec traditionnel Ellinikos. De quoi faire pâlir un italien ! Boire un café grec ou turc (Kahvesi) sans finir avec du marc sur les dents, c’est possible, à condition d’attendre que le marc se dépose au fond et aspirer le breuvage plutôt que de le boire rapidement. Nous comprenons mieux pourquoi le café est servi avec un verre d’eau.. pour se rincer les dents. Qu’il soit grec ou turc, il se prépare dans une mini casserole en cuivre ou en fer blanc à base d’un mélange de café, d’eau et de sucre à feu vif mais sans le faire bouillir.
Si vous êtes en hypoglycémie sévère, accompagnez votre dégustation de baklavas et de loukoums, petits gâteaux composés essentiellement d’ingrédients légers : beurre, sucre, arachides !
A Denizli, tout en partageant un café entre amis, un turc nous a expliqué quelques usages et traditions autour de ladite boisson. Certains sont encore d’actualité.
Lorsqu’un turc reçoit des invités dans sa maison. Il sert un café et un verre d’eau :
→ Si l’invité boit le verre d’eau en premier, cela signifie que la personne a faim. Dans ce cas, la famille s’affaire en cuisine pour préparer de quoi contenter l’hôte.
→ Si l’invité commence par le café, on lui demandera s’il a faim. Si une personne retourne sa tasse de café dans la soucoupe, cela signifie qu’elle souhaite connaître son avenir. Un de vos amis interprétera les formes dessinées par le marc de café pour connaître votre destinée.
Quelques exemples : deux lignes épaisses vous annoncent un voyage par voie maritime, un dessin de clé signifie que vous allez déménager, une poire est le signe que vos ennuis se terminent bientôt ; les trois points en triangle indiquent qu’un de vos amis vous demandera de l’aide. Aidez-le. Et bien d’autres !
Le café s’immisce également lors de certaines occasions familiales. Dans un premier temps, les couples turcs se côtoient puis vient la rencontre des parents. Une fois qu’ils ont terminé de discuter de divers arrangements : si la femme sert un café salé à son prétendant, elle ne souhaite pas se marier avec lui (ou lui fait une blague selon le degré d’humour de la famille !). Si elle sert un café sucré, cela signifie qu’elle est d’accord.
Un oeil sur le mauvais sort
L’oeil porte bonheur déjoue jaloux et envieux qui souhaitent vous jeter un sort à travers le mauvais oeil. Il s’agit du Matiasma en Grèce et du Nazar Boncuk en Turquie. Il se retrouve accroché à l’entrée des maisons, des rétroviseurs de voiture, suspendus aux terrasses, en porte clés, etc.. Une grande partie de la production est constituée de bouteilles de raki recyclées ! Si vous êtes superstitieux, ne repartez pas de ces pays sans votre amulette. Vous en trouverez partout dans les bazars.
Cha plait
Que l’on soit chrétien orthodoxe ou musulman, la Grèce et la Turquie accordent une attention particulière à cet objet de dévotion qu’est le chapelet (Misbaha pour les musulmans, Tchotki pour les chrétiens orthodoxes).
Il danse, il glisse, il file entre les doigts, il claque sur la main, dans un sens puis dans l’autre. Le chapelet tourne sur les doigts en signe de bravoure ou pour réciter des prières.
Chacun choisit celui qui lui convient : 33, 50, 99, 100 ou 300 grains. Les petits joyaux en bois, en métal ou en pierre précieuse virevoltent fièrement peu importe la religion.. Pas de discorde sur le chapelet !