Kirghiz-tradi

La vie au Kirghizistan

Son ou plutôt ses peuples

Le nom « Kirghiz » signifie « nous sommes quarante », en référence aux quarante tribus de Manas, un héros légendaire qui a réuni les clans régionaux contre les Ouïghours. C’est pour cela que le drapeau du Kirghizistan compte 40 rayons uniformément espacés autour d’un « Tündük », pièce sommitale de la charpente traditionnelle de la yourte kirghize et symbole de l’unité du pays.

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Aujourd’hui, tous les habitants du Kirghizistan ne sont pas des Kirghizes ! Cette ethnie majoritaire représente environ les 2/3 de la population du pays mais on trouve aussi des Ouzbeks, des Russes, des Douganes, Ouïghoures, Tadjikes, Meskhètes et quelques Kazakhes… La répartition des ces populations varie du nord au sud du pays. On trouve par exemple plus d’Ouzbeks dans le sud, non loin de la frontière avec l’Ouzbékistan.

« L'Homme doit bouger parce que le soleil, la lune, les étoiles, les animaux, les poissons : tout bouge, seulement le sol et les espèces mortes restent là où ils étaient auparavant »

Les tribus nomades kirghizes se seraient installées dans les massifs du Tien-Chan et du Pamir entre les IXe et XIIe siècle et viendraient des bords du fleuve Ienisseï en Sibérie. Les Kirghizes ont survécu aux différents envahisseurs grâce à leurs mode de vie nomade et à leurs excellentes maitrise du cheval. Ils ont ainsi conservé leur suprématie sur les peuples sédentaires pendant près de 2.500 ans.

Les villages (aïls) sont gouvernés par des chefs appelés « manaps », aidés de conseillers (aksakals). Le doyen du village se doit d’être l’homme le plus sage et le plus riche afin d’honorer son devoir d’hospitalité. Point de totalitarisme ici, si le chef devient trop autocratique, le village peut tout simplement se déplacer pour rejoindre un autre groupe !

Si les Kirghizes ont été sédentarisés (de force) pendant la période soviétique, leur identité nomade est restée présente. La même passion des chevaux et des « akyns » (poètes) les rassemblent toujours, dans la steppe ou autour du feu, le soir. Le pays est aussi fier d’être le premier à avoir proclamé son indépendance de l’URSS en 1991.

« Avec ton père tu connais le peuple...

Un homme kirghize se doit de connaître le nom de ses ancêtres en ligne paternelle sur sept générations. C’est ainsi que se transmet l’appartenance tribale.

Aujourd’hui, les kirghizes conservent, le « Sanjyra« , ou l’arbre généalogique par écrit ; autrefois il était récité par les conteurs de la tribu. Cela revet aussi une raison pratique. S’il est préférable de se marier hors de sa tribu, il est interdit de s’unir entre individus en deçà du 7ème degré de parenté…

Un jeune chanteur kirghize, Мирбек Атабеков, chante l’attachement aux ancêtres et à la vie nomade. On vous laisse découvrir en musique. Vous l’entendrez forcément dans une marshroutka si vous allez au Kirghizistan, jeunes et plus anciens, la connaissent par coeur !

... avec ton cheval tu connais le territoire »

« Les chevaux sont les ailes des kirghizes ». Le cavalier kirghize peut rassembler ses troupeaux, se baisser en pleine course pour ramasser un objet, un animal ou un enfant ; son agilité n’est plus à démontrer !

Le cheval est une partie intégrante de la vie nomade depuis des siècles. Il permet de déplacer les troupeaux au gré des saisons et de surveiller le bétail. C’est également lui qui rend possible le déménagement de la yourte et des effets de la famille.

Ce compagnon fidèle, travailleur et moyen de transport, est aussi un partenaire de jeu et une source d’alimentation (boisson, viande). Enfin, c’est encore le cheval qui a permis aux kirghizes de conserver leur liberté en permettant de fuir les oppresseurs ou de les combattre.

Aujourd’hui, aucun évènement sportif ou festif ne peut se passer de cet équidé.
  • Le Kök Börü, sport national, se pratique monté : deux équipes s’affrontent pour déposer une carcasse de chèvre dans le but adverse. C’est un peu du rugby à cheval !

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  • Le Kyz Kumaï est une course à cheval entre une cavalière et un cavalier. Si l’homme rattrape la femme, il a le droit à un baiser et si la femme rattrape l’homme, elle a le droit de le fouetter !

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Le « Kumis »

Il s’agit d’une boisson dont raffole les kirghizes. Ils sont capables de s’arrêter au milieu de nulle part car ils savent qu’ils peuvent trouver un bon Kumis venu d’un Jailoo réputé. Le nom de la capitale, Bishkek vient du nom de l’instrument qui permet le barattage pour faire le kumis.

Cette boisson est faite à base de lait de jument fermenté. Elle est connue depuis l’Antiquité. Hérodote qualifie ce brevage de « nourrissant, fortifiant et stimulant« .

Malgré toutes les vertus, avérées ou supposées, de cette boisson caractéristique des nomades, on doit vous dire que nos papilles d’européens n’ont pas trop aimé le gout amère et acide qu’elle laisse en bouche !

Les chapeaux kirghizes

Le chapeau traditionnel kirghize est un symbole national. Pour preuve, le parlement a voté une loi obligeant le Président à porter ce couvre-chef lorsqu’il se rend à l’étranger !

Le couvre-chef traditionnel kirghize, l’Ak-kalpak, protège à la fois du soleil et du froid. Le rebord est retroussé et sa couleur est assortie aux broderies. Constitué de feutres de laine blanc, il représente les sommets des montagnes enneigés au Kirghizistan. 

Les kirghizes portent des chapeaux différents selon leurs âges. Plus le rebord du chapeau est foncé, plus la personne est âgée. Les couvre-chefs trônent sur les têtes des kirghizes dans la vie courante comme les jours de fêtes.

Ce chapeau est caractéristique de l’habit ouzbek (le pays à l’Ouest du Kirghizistan). On peut l’observer sur les têtes des habitants au sud du pays et plus particulièrement dans les enclaves ouzbeks.

On ne touche pas aux symboles ! Un chien a défilé coiffé du chapeau traditionnel kirghize  lors d’un spectacle canin. Des sanctions ont été réclamées à l’encontre du maître chien pour insulte au symbole national.

Sous la yourte

Au sommet de la yourte, il y a la porte vers le ciel appelée "Tunduk". Ce cercle symbolisant le soleil est lié aux ououks, des poutres en bois qui maintient la coupole du "bozuï" (yourte) comme la coupole du ciel

La carcasse en peuplier est tenue par des fils de cuir tannés de graisse, couverte par une protection en jonc lié l’un à l’autre par le « tchiy » (fil de laine). Elle est ensuite couverte par une couche de feutre.

A l’intérieur, la table est toujours dressée au cas où un invité ferait son apparition. En effet, nourrir un invité est un devoir sacré !

Des coffres en bois sont disposés en face de la porte. Les nattes de couchage et les couvertures sont superposées sur les coffres pendant la journée. Elles sont dépliées pour le coucher.

Et dieu dans tout ça !

La religion change aussi en fonction des ethnies. Le Kirghizstan est supposé être un pays musulman mais quand on regarde dans le détails, il apparaît que les Kirghizes (ethnies) restent attachés au Tangrisme ou Tengrisme.

Les tengristes considèrent que leur existence est soutenue par l’éternel ciel bleu (Tengri), l’esprit fertile de la terre-mère (Eje) et un souverain considéré comme l’esprit saint du ciel. Le ciel, la terre, les esprits de la nature et des ancêtres répondent à tous les besoins et protègent les êtres humains. En menant une vie droite et respectueuse, un Homme maintiendra son monde et son esprit en équilibre. Il faut ajouter que le tengrisme est basé sur une relation de l’Homme avec les esprits et ses expériences personnelles. Ainsi il ne peut être fixé par des écrits et il ne peut donc pas y avoir de dogme.

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Lorsqu’il s’agit d’aller rencontrer son Créateur, la tradition nomade perdure. Le défunt est honoré jusque dans sa dernière demeure.