Péloponnèse

Péloponnèse

Sans aller se perdre (je vous le conseille pourtant vivement) dans les Cyclades, une balade dans le Péloponnèse et plus particulièrement en Arcadie vaut largement le détour. Là encore hors saison (d’hiver), les villages de Vytina et de Dimitsana sont des petites pépites.

En partant d’Athènes donc, nous nous dirigeons vers Corinthe, son canal et sa forteresse pour entrer au Péloponnèse.

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Nous traversons l’Argolide en direction de l’Arcadie à travers les montagnes boisées du Ménalos, seuls sur une route tortueuse qui nous mène vers notre première escale, le joli village de Vytina.

Ce petit patelin, au cœur du Péloponnèse, a joué un rôle important lors de la Révolution de 1821 contre les Ottomans. Tellement important qu’il a été incendié 7 fois entre 1825 et 1826 par les troupes du général égyptien Ibrahim Pacha (pays alors allié au Sultan ottoman Mahmoud 2), pour avoir fourni troupes et ravitaillements aux révolutionnaires.

Dans l’Antiquité, on y vénérait Poséidon et Déméter (mère de la Terre, déesse de l’agriculture et des moissons). Aujourd’hui, on trouve au centre du village, la belle église du XIXe de saint Tryphon (saint patron de la région), construite, a l’instar du village, avec cette pierre grise typique du coin. L’intérieur de l’édifice est richement décoré, du marbre du sol au plafond, du bois sculpté et peint et des dorures un peu partout.

Depuis l’église, les ruelles cheminent entre les maisons aux murs de pierres et aux toits de bois. Nous avons jeté notre dévolu pour boire un coup sur le kafeneio «Καπνοπωλείο». Ancien magasin de tabac et fumoir devenu un superbe bar à vins et à cocktails, joliment décoré. Le patron, surpris de voir des touristes en ce mois de Mai nous a fait gouter plusieurs blancs et quelques rhums vieux.

Afin d’éponger nous poursuivons jusqu’à un petit restaurant (Το Τσιπουράδικο Του Παντελή) fréquenté principalement par les locaux. Le feu de bois ajoute à la chaleur de l’accueil. Le diner est simple mais les produits sont bons. Nous rentrons un peu éméchés et repus dans notre belle chambre style chalet avec sa cheminée.

Le second village, Dimitsana, accroché en haut de sa vallée, est connu pour être le « berceau » de la Révolution Grecque (contre les Ottomans).

En contre bas, les gorges de Luissos permettent l’accès à plusieurs monastères remarquables, dont celui de Saint Jean-Baptiste (Moni Timiou Prodromou), moitié troglodyte, moitié suspendu à la falaise. Le monastère ferme ses portes aux visiteurs après 13 h, mais dixit un des frères lors de notre venue, « we are not english », sous entendu, les horaires sont souples ! Sa petite chapelle est simplement magnifique.

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C’est en revenant de cette visite que nous sommes tombés, par hasard, attirés par la musique et l’odeur du barbecue, sur une fête du prénom. Car en Grèce, on n’attache que peu d’importance à la date d’anniversaire d’une personne. En revanche, chacun est fêté en fonction de son prénom, selon un calendrier religieux, appelé « Eortologio ». Deux costauds à queue de cheval, nous accueillent en nous tendant chacun une (grande) assiette d’agneau et un verre (quart de litre) de vin blanc « maison ». Suive d’une salade de tomates et oignons du coin, arrosée d’huile d’olives, du fromage et bien sur de la feta… simple mais tellement bon.

Le plus jeune de ces hommes est Ilias  ; nous parlons à bâton rompus de politique, de liberté et d’amour en passant du blanc au rosé (voir les deux mélangés !). Tout cela se passe sous l’oeil, un peu inquisiteur au début, du plus vieux, surnommé Gandalf, en raison de ses cheveux blancs. Il me prend à partie et m’explique qu’il « n’aime pas beaucoup les français » car il les trouve fermés aux autres et surtout car ils ne font pas l’effort de parler l’anglais. Je m’applique alors à redorer le blason de la maison France dans mon plus bel anglais. Il me demande ensuite si je me sens plus français ou européen… je lui rétorque que je me considère comme faisant partie du peuple européen, du peuple français, que je suis également un parigot (intra-muros !) et avec des origines algériennes. Ça lui en bouche un coin et cela me permet, je crois, de gagner un peu sa confiance. J’enchaîne en le questionnant sur l’écusson de son pull, que je pense militaire : un requin sous une ancre, surmontée d’un parachute. La réponse tombe, c’est un ancien du DYK (ou ΔΥK), bref, un commando marine. Je comprends un peu mieux pourquoi il avait eu du mal à communiquer dans son environnement professionnel avec des français, en langue anglaise 😉

Notre route continue à travers le Péloponnèse, vers la Grèce Centrale. Nous prenons les chemins de traverses peu après le village de Kalávryta (Καλάβρυτα). La route s’enroule dans la montagne, délimite des champs et atteint parfois un hameau.

A part des troupeaux de chèvres et les bergers qui vont avec, il n’y a pas grand monde. Mais la vue sur le golfe de Corinthe et au-delà, jusqu’au mont Parnasse (non pas la gare parisienne) est plutôt sympathique.

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Pour ne pas revenir sur nos pas, nous empruntons le pont Rion – Antirion. Pour parcourir ses 2 883 mètres, il faudra vous délester d’un peu plus de 13€ au profit d’une filiale de Vinci 😉