Rhodes

Rhodes, la vieille ville

« Songez que du haut de ces [murs] quarante siècles vous contemplent »

Cette célèbre harangue de Bonaparte à ses troupes pourrait s’appliquer à la vieille ville de Rhodes. Pour qui est un minimum fana d’histoire médiévale ou antique et aime se promener dans des forteresses, Rhodes vous ouvre ses portes.

En se baladant au pied des remparts, le long des chemins de ronde ou dans les rues de la ville, vous êtes directement transporté dans le temps. C’est un condensé d’Histoire, depuis les croisades et les chevaliers de l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem (ou ordre des Hospitaliers) jusqu’à la seconde Guerre Mondiale.

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Malheureusement, avec le classement au patrimoine mondial de l’UNESCO, les Hospitaliers ont laissé la place à l’industrie du tourisme de masse. De trop nombreuses rues sont envahies de magasins vendant des souvenirs de mauvaise facture et de restaurants aux arrière-cuisines peu ragoutantes. Et comme le bonheur ne vient jamais seul, certaines parties des fortifications sont jonchées de déchets aussi divers que variés.

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Il suffit de sortir des remparts pour retrouver la vie paisible des grecs et de la nourriture correcte ! En revanche, coté architecture, la ville nouvelle manque un peu d’intérêts.

Enfin, pour les plus cataphiles d’entre vous, il existe un réseau de sous-terrains accessible depuis les douves… Il est même possible d’accéder à une tour. N’oubliez pas de vous munir d’un fil ou de petits cailloux.

Sifnos

Sifnos

Siphnos (ou Sifnos), île des Cyclades au 360 églises, nous a particulièrement charmé. Nous avons jeté notre dévolu sur la façade Est de l’île. Perchée sur son éperon rocheux, Kastro, village vêtu de blanc et de bleu, à l’instar du drapeau hellénique, surplombe la mer de Myrto, depuis l’antiquité et peut-être même avant. Kastro a toujours su tirer son épingle du jeu et assurer sa prospérité : elle fut une des premières cités à frapper sa monnaie, sur des pièces d’or et d’argent en 600 avJC; les précieux minerais étant extraits directement sur l’île.

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Aujourd’hui ce bout de terre est principalement le lieu de villégiature de quelques grecs continentaux et autres touristes, ainsi que de nous, par la même occasion. Si les locations saisonnières fleurissent, son isolement et notre visite hors saison procure une quiétude reposante. Il n’y a quasiment pas un chat, ou plutôt que des chats, dans les ruelles étroites du village.

Ajoutez à cela un couple de propriétaire d’un bar à cocktails – café – restaurant adorable, un serveur aussi dynamique que sympathique et un chef cuisinier napolitain talentueux ; mettez un zeste de créativité et un soupçon de folie et vous obtenez un endroit magique où il fait bon discuter, prendre le temps et partager. Le partage, parlons en : nos protecteurs ritalo-grecs, alors qu’ils mettaient au point la nouvelle carte, nous ont obligé à tout goûter… Grazie mile ou Efharisto Poly !! Nous avons modestement contribué à la traduction en français de ladite carte en guise de remerciement ; c’était là la moindre des choses.

Siphnos, par son insularité, son isolement (de « isole », île en Italien), invite naturellement à la réflexion. La mer, les églises et l’énergie y sont propices. Il y a en particulier ce monastère du XIIe siècle, Profiti Illias, posé sur le point culminant de l’île. La vue, par beau temps, est uniquement limitée par l’horizon et on peut admirer les villages qui s’étendent, blancs et bleus, en contre-bas.

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Les guides de voyage indiquent qu’il n’est plus habité, ce qui est en partie faux. Même si il n’héberge plus de moines, il est ouvert à tous et habité par tous ceux qui le font vivre et qui y passe du temps, que ce soit pour les fêtes religieuses ou pour le restaurer. On peut également y dormir, les clés des cellules sont à disposition, ainsi que du café et du ouzo ! Il y a aussi une bande de motards qui grimpent en moto trail les 682 mètres de dénivelé qui sépare le monastère du niveau de la mer. Parmi la dizaine de fondus qui pratiquent ce sport mécanique, j’ai croisé le chemin de deux hommes, Costas et Giorgios. Deux moines des temps modernes, Hommes libres aux grands cœurs et à la sagesse simple. Je pense que je me souviendrai toute ma petite vie de cette rencontre et de ce qu’ils m’ont offert et appris. Je quittais le monastère les larmes aux yeux.

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Pour les marcheurs, Sifnos dispose d’environ 200 km de chemin de randonnées, assez bien balisés. Outre le sempiternel Maps.Me il y a aussi Sifnos Trails Topoguide, qui en plus des chemins donne divers informations et comporte des suggestions d’itinéraires.

Aller et retour en Grèce Centrale

Aller et retour en Grèce Centrale

Nous avons traversé par deux fois la Grèce Centrale et voici notre récit d’un aller et retour dans cette région.

Lors de notre traversée du Péloponnèse et de la Grèce Centrale, en direction de Kalambaka et de ses Météores, nous mettons le cap sur Karpenisi pour « couper un peu la route en deux »… sans passer par l’autoroute mais par la petite, toute petite, route de montagne bien tortueuse. Depuis le village de Varia (Βαρειά), au bord du lac Trichonida, la route part vers le nord. Ses premiers virages ne sont que les prémices des tournants et épingles que cette belle route réserve le long de ses 60 kilomètres.

On trouve ici et là quelques villages, accrochés à la falaise, au milieu de montagnes et des arbres ou bien au fond d’une gorge. La vie y est très tranquille. Il y a en particulier Proussos et son monastère encastré dans la roche, au dessus de la rivière Karpenisiotis. A toutes fins utiles, on y vient en pèlerinage le 23 aout pour célébrer la vierge Marie.

L’après midi est bien avancée, le temps maussade et il faut encore continuer le long de la rivière un bon moment jusqu’à Karpenisi (Καρπενήσι). La ville, tout en pente, se trouve au pied du mont Tymphreste. Pas grand chose à y faire mais on trouve quand même quelques tavernes correctes.

De Karpenisi à Kalambaka, la route perd un peu de son intérêt… A quelques détails près tout de même. Par exemple, dans le village de Agios Georgios Tymfristou on tombe sur un Northrop F-5 de l’armée de l’air hellenique (le n°457, à cet endroit).

Il y a aussi Anavra, et son plan hippodamien ou encore hippodaméen, ou peut être milésien… Bon en damier ou en échiquier si vous préférez… Quadrillé et bien orthogonal quoi ! Bref à part le kafeneio qui m’a servi mon premier tsipouro avec mon café frappé, de bon matin, rien de mémorable !!

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Notre route se termine (enfin) aux pieds des Météores

Nous repartons de Kastraki, village un peu plus accueillant que Kalambaka à notre gout, car un brin moins touristique (pas grand chose je le concède). Nous sommes supposés lever l’ancre pour Sifnos dans les prochains jours, mais bizarrement, Athènes ne nous attire toujours pas. Nous jetons notre dévolu sur le petit village de pêcheur de Galaxidi.

Passant Itea et sa mine de bauxite qui défigure le paysage et pollue la mer, nous craignons le pire pour notre avant dernière escale à terre. Mais finalement non, Galaxidi tient toutes ses promesses. D’un calme bien grec hors saison, on trouve ici deux pépites culinaires qui devraient inciter les gourmands au détour.

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Toud d’abord, l’hôtel Ganimède, du nom du prince Troyen, plus beau des mortels et amant de Zeus lui même ! Outre des chambres très confortables et un service excellent, le petit jardin est un havre de paix. Mais on vient ici pour le petit déjeuner, traditionnel et pantagruélique (l’hôtel a d’ailleurs reçu un prix pour cela).

Il y a ensuite le restaurant O Bebelis (Ο Μπεμπέλης) qui propose une carte traditionnelle grecque construite avec des produits locaux. L’oignon farci, spécialité de la maison est à ne pas manquer.

Une fois repus et en guise de promenade digestive, un balade dans le vieux village permet de découvrir certaines belles maisons ainsi que l’église Saint Nikolas.

Meteora

Meteora

De James Bond à Game of Thrones, Les Météores (Μετέωρα) sont un curieux mélange entre ascèse et tourisme de masse. Il s’agit d’une formation géologique du Nord de la Grèce, en Hestiotide, dans la vallée du Pénée qui abrite des monastères chrétiens orthodoxes (Μετέωρα Μοναστήρια ou monastères suspendus au ciel) perchés au sommet de pitons rocheux, sculptés par l’érosion.

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Les grottes situées à proximité des Météores ont été habitées de façon continue depuis 50.000 à 5 000 ans avJC. Le plus ancien exemple connu de structure bâtie par l’Homme est un mur de pierre bloquant les deux tiers de l’entrée de la grotte de Théopetra, construit il y a 23.000 ans, probablement comme une barrière contre les vents froids, la Terre connaissait alors un ère glacière…

Les premières habitants de Meteora après le néolithique étaient des moines ascétiques, vivant en ermites au IXe siècle. Ils vivaient alors dans les anfractuosités de ces tours rocheuses, parfois à plus de 500 m du sol… Cela a tenu à l’écart les visiteurs, à l’exception des plus déterminés. Les monastères ont été construits ensuite, à partir du XIVe siècle, lorsque les moines cherchaient un endroit où se cacher face à un nombre croissant d’attaques turques contre la Grèce. A cette époque, l’accès au sommet se faisait via des échelles de bois ou un cabestan.

Aujourd’hui, les cars affluent et déversent chaque jour un peu plus de touristes qui accèdent, (trop ?) facilement et moyennant une petite contribution, aux différents monastères par des escaliers. Qu’on ne s’y trompe pas, l’endroit est encore majestueux, Dame Nature a été généreuse, autant sur la beauté de l’endroit que sur la richesse des sols avoisinants. Pour qui y est sensible, on comprend facilement pourquoi les premiers ermites se sont retirés ici. Mais tout cela semble bien terminé. De la quiétude initialement recherchée par les premiers occupants, il ne reste pas grand-chose, sauf le matin, très tôt… C’est à l’heure à laquelle les oiseaux commencent à chanter que les Météores retrouvent toute leur majesté, mais ce spectacle est « For your eyes only ».

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Fragment d’Histoire Antique

Fragments d’Histoire Antique

En revenant des Météores, je tanne Charline pour faire une halte aux Thermopyles. L’endroit où, selon Hollywood, une joyeuse bande de 300 mecs sévèrement burnés ont tenu tête à des milliers de guerriers perses avant de se sacrifier pour Sparte et pour la Grèce. Autant le dire tout de suite, à peu près rien de ce que vous avez pu voir dans le film éponyme n’est vrai. Le défilé ne ressemble pas (mais pas du tout) à ce qui est montré, les autres soldats grecs ne sont pas une petite poignée et les spartiates ne sont pas les seuls à se sacrifier… Bref du Hollywood tout craché !!

Comme vous le voyez, rien à voir avec le film et ses immenses falaises abruptes du haut desquelles tombent les soldats de Xerxès, repoussés par les vaillants Spartiates …

A gauche des bâtiments (milieu de la photo) jaillissent des sources d’eau chaude sulfurée qui se jettent dans le golfe Maliaque (hors cadre). Comme autrefois les Grecs y viennent et nous nous sommes joints à eux ; il est toujours agréable de prendre un bain chaud et de sentir l’œuf dur le reste de la journée. La mer justement, à l’époque, devait se trouver un peu à gauche de l’autoroute (droite de la photo). L’endroit a été rendu marécageux par les Phocéens en déviant le cours des sources ; ils y ont ajouté trois murs pour se défendre contre les Thessaliens. C’est donc là le lieu de LA bataille… Pour la petite histoire un chef Gaulois, Brennos (ou Brennus) se cassera les dents au même endroit environ un siècle plus tard !

A la guerre, les Grecs se défendaient pas mal dans l’Antiquité ; pour cause, ils passaient les temps de paix (extérieure) à se taper dessus entre eux. Les Spartiates ne sont pas les seuls à avoir une phalange d’hoplites efficaces. Du coté des chiffres, il y avait environ 7.000 grecs contre 70.000 à 300.000 perses. Parmi les grecs il y avait entre autre, 700 Thespiens, 400 Thébains et un millier de Phocéens, aux cotés des 300 Spartiates. Les Thespiens justement sont commandés par le général Démophilos, tout aussi jusqu’au-boutiste que Léonidas et qui fera, avec ses hommes, le sacrifice suprême. Il semble d’ailleurs que cela soit un trait thespien puisqu’une autre armée se sacrifiera à la bataille de Délion lors de la guerre du Péloponnèse…

Un dernier mot sur Ephialtès, le soit disant traitre, ex-spartiate, qui à cause de son infirmité ne peut lever le bouclier… Il était simple agriculteur et voulait surement mettre du beurre dans sa feta… ou des épinards … enfin bref il aurait agit par cupidité. Cependant il est possible qu’il y ait eu d’autres traitres. Toujours est-il qu’en grec moderne son nom signifie « cauchemar » et synonyme également de ce qu’on qualifierait de « Judas ».