Ala Kul

Karakol et Ala Kul

Karakol est une ville touristique. En témoigne les nombreux restaurants proposant des plats occidentaux et cela pour notre plus grand bonheur ! Il faut avouer que nous nous lassons un peu de la gastronomie kirghizes.

Il y a de quoi passer une journée entre la belle église en bois, les maisons traditionnelles et le bazar. Il y a aussi un magasin vendant des articles de randonnée.

Nous posons nos valises chez Alma. Si la guesthouse est simple (et pas chère), le gérant est un homme d’une grande qualité. Il parle avec passion de son pays et connait sa région dans les moindres recoins.

Après un peu de repos et quelques préparatifs, nous partons pour 3 jours de randonnée vers Ala Kul (oui encore un lac d’altitude). Notre taxi nous dépose au début du chemin qui serpente sous les sapins, au bord d’un torrent.

Premier jour

Au programme de la journée, 12 km et 865 m de dénivelé positif avec tout le nécessaire sur le dos. On quitte la vallée (dernier point d’eau avant l’arrivée) après un peu plus de 9 km pour commencer l’ascension. Là ça se corse un peu mais rien de méchant. Nous sommes content d’être partis tôt car les bons emplacements pour planter une tente ne sont pas si nombreux que ça (Sirota hut sur maps.me). Le torrent est le dernier point d’eau avant de redescendre le col le lendemain (sauf à descendre au bord du lac).

Deuxième jour

Le deuxième jour c’est le gros morceau : il nous faut un peu moins de 3 heures pour gravir 600 m en 2 km (oui 30% !) avec en prime de la pluie, sur un chemin glissant ; bref que du bonheur. Nous sommes content d’avoir des bâtons !

Dernière montée vers le lac

La récompense est là. Nous profitons de la vue sur Ala Kul le temps de déjeuner. Pour info, il est possible de camper en surplomb ou bien au bord du lac.

Bord du lac Ala Kul
Début de la montée vers le col ...
... Toujours en chemin vers le col

Le plus dur reste à faire : 2,3 km et 360 m à monter, le tout sur de la caillasse, pour atteindre le col à 3.900 m ; il faut dire ici que les 230 derniers mètres à monter se font sur 400 m : ça pique !

Vue depuis le col

Le bonheur n’arrivant jamais seul, il faut bien entendu descendre de l’autre côté. Là, clairement, c’est dangereux en raison de la forte pente. Le chemin « le plus facile » fait un détour par l’est du col. Je vous conseille vivement de le suivre (et de ne pas faire comme nous en allant tout droit) et si il fallait vous en convaincre, de prendre des bâtons.

Nous faisons le plein d’eau dans le torrent en contre bas du col quand un orage éclate. On passe un plateau où nous aurions dû planter la tente (première erreur)… La pluie ne cesse pas. Il nous reste 10 km de descente (sur les 14 km prévus pour la journée) avant le refuge de Altyn Arachan que nous pensons pouvoir parcourir avant la nuit.

Avec la pluie, le chemin devient boueux et très glissant. Nous sommes trempés. Le rêve quoi !
Le déluge se calme quand nous tombons sur la cerise sur le gâteau : un bon gros torrent à traverser (environ 5 km après le col). Dilemme, enlever ou garder ses chaussures. Après une longue hésitation, nous les gardons (deuxième erreur).

Il nous reste alors un peu moins de 5 km à faire, vraiment trempés et les pieds baignant dans les chaussures. La nuit tombe. Bref, c’est la merde.

Notre calvaire prend fin lorsque nous trouvons une yourte environ 2 km avant Altyn Arachan. Nous en avons (littéralement) plein les pompes et nous sommes bien content de nous réchauffer sous la tente cuisine de la famille qui nous héberge en partageant le dîner.

Troisième jour

Bien entendu, nos affaires ne sont pas sèches le lendemain. Mais l’hospitalité de notre famille d’accueillie nous réchauffe le coeur. Après une séance photo à cheval et des salutations locales, embrassades suivies d’un claquement croisé de chaussures, nous parvenons rapidement au refuge.

C’est en 4×4 plutôt qu’à pied que nous finissons la rando. Clairement cette partie n’est pas la plus intéressante car le chemin suit la piste. Nous retrouvons Alma et sa guesthouse pour une bonne douche chaude.

Bilan

Il y a plusieurs façon de faire cette rando : à la cool ou pas (jeu de mots) :

  • À la cool : il y a un camp de yourtes et de tentes au Sirota pour le premier jour, ainsi qu’un autre après le col pour le deuxième jour. Premier arrivé, premier servi, même si vous avez réservé… Repas du soir et petit déjeuner possible. Mais tout est plutôt cher.
    Prenez de quoi vous couvrir contre le froid et la pluie ainsi que votre déjeuner ; le tout tient dans un petit sac à dos.
    Soyez indulgents envers ceux qui sont plus chargés que vous, en particulier dans les passages pentus. Une pimbêche (se trimbalant avec son mec) nous a demandé de nous pousser pour laisser passer sa seigneurie dans la descente dangereuse du col : une débile profonde à qui nous avons souhaité le pire.
  • À la très cool : nous avons croisé un couple de brésiliens avec trois fois rien sur le dos … et quatre porteurs. Au lendemain de le première nuit, madame était maquillée comme un carré d’as et parfumée pour l’ascension vers le lac. Si vous considérez sérieusement cette option, merci de ne pas continuer à lire notre blog.
  • En autonomie : franchement ça se fait. Plus que la condition physique c’est l’acclimatation à l’altitude qui importe. Si il est possible de rejoindre Altyn Arachan en 2 jours, je pense qu’il est préférable de le faire en 3 jours avec une nuit après le col.

Kel Suu

Virée à Kel Suu

Naryn est le nom de la puissante rivière qui traverse le Kirghizistan d’est en ouest et qui alimente le réservoir de Toktogul. Elle donne son nom à cette bourgade tranquille… voir un peu morte. En parlant de ça et pour ceux que ça intéresse, une balade par le cimetière mène à un joli point de vue sur la ville et la vallée.

Par curiosité nous nous rendons au bazar de At-Bashi pour assister au marché aux bestiaux. Les habitants des différentes vallées s’y retrouvent pour s’approvisionner et il y règne une sacré ambiance au milieu des vaches, chèvres et chevaux.

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Naryn est surtout pour nous une étape pour descendre encore plus au sud vers un lac de montagne magique : Kel Suu. Des kirghizes nous expliquent que ce lac glaciaire se vide complètement une fois tous les 10 ans environ. Il n’y a, à ce jour aucune explication à ce phénomène, mais il est probable que l’eau s’échappe suite à un effondrement sous-terrain ; la dernière fois c’était en 2018.

Pour s’y rendre, il faut un permis pour la zone frontalière (un peu d’extorsion) et un chauffeur ; ça coute un peu mais ça nous semble valoir le coup ! À ce propos il convient de se méfier du CBT de Naryn, un peu trop gourmand à notre avis (n’hésitez pas à négocier ou à aller dans une autre agence).

Près de 4h de piste défoncée et 2 check-points plus loin, à travers des paysages de vallées et de montagnes, qui se succèdent, nous arrivons à la fin de la route. Il nous reste quelques kilomètres de marches pour atteindre le graal ; un troupeau de yaks par ici, de chevaux par là… On grimpe la moraine frontale et là, une perle, un joyau dans son écrin de montagnes à 3.500 m d’altitude. C’est beau !

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Le temps de faire quelques photos, de planter la tente et de prendre un bain (très) rafraîchissant, un kirghize vient nous chercher car il a aperçu des bouquetins non loin de notre campement. Nous profitons silencieusement du spectacle.

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Il n’y a pas un chat ! Mais trois kirghizes qui campent là. Nous partageons un moment avec eux. Ils nous offrent le thé et de délicieux petits sablés… avant de nous faire embarquer à bord de leur semi-rigide pour découvrir la partie du lac invisible depuis la berge. Un sacré privilège ! Nous admirons les montagnes et les glaciers qui se jettent dans le lac. Un moment inoubliable !!

Le spectacle se poursuit la nuit venue. Un ciel d’une grande pureté et sans aucune pollution (lumineuse ou atmosphérique) s’offre à nous.

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L’altitude et l’humidité du lac rendent la nuit bien froide et nous sommes bien content de nous réfugier dans nos duvets landais Pyrenex Nepal 800 made in France (oui un peu de pub, ils le méritent).

Au matin, nous profitons une ultime fois de cet endroit superbe avant de repartir pour Naryn et de prendre l’éternelle marshroutka vers Kochkor pour un peu de folklore local.

Son Kul

Le lac Son Kul

Après moult tergiversations, nous décidons de ne pas tenter la traversée ouest-est par la route du sud entre Jalal-Abad et Naryn. En effet peu ou pas de transport en commun parcourt cette piste et sauf à privatiser un transport (couteux) et on ne peut guère prendre le temps de profiter du paysage.

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Nous repartons donc pour la capitale. Il nous faudra 2 jours pour remonter de Sary-Moghol à Bishkek avec une étape à Osh, en taxi partagé avec nos amis d’outre Rhin.

Une halte s’impose à nous dans notre résidence attitrée de Bishkek, le Tunduk Hostel, car nous sommes crevés. Notre plan est de descendre à Son Kul pour faire une randonnée à cheval sur 3 jours.

Une course en taxi jusqu’à la station de marshroutka où le chauffeur nous trouve la petite guérite qui va bien et hop, nous voila parti pour 5 heures de route jusqu’au village de Kyzart.

Randonnée de trois jours à cheval

Nos destriers nous attendent. Nous grimpons dessus et direction un camp de yourtes dans un jailoo pour notre première véritable nuit kirghize. Notre guide ne parle pas très bien anglais (ni français) mais on parvient tout de même à se comprendre. Il nous donne les rudiments pour faire avancer (« tshuuu ») et arrêter nos chevaux (« taak »).

Après 3 bonnes heures à se faire taper le cul, nous sommes bien contents d’arriver au camp où nous sommes accueillis par une dame et son fils. Sans autre forme de procès on se retrouve attablé sous la yourte principale pour un encas et du thé ; notre guide se jette sur la bouteille de kumis pour une tournée générale… il sera le seul à se resservir !

La nuit tombe et la température avec elle. Nous avalons notre dîner et direction notre yourte rien que pour nous ! Le lendemain matin nous repartons pour 5 heures de cheval vers le lac. Notre guide nous conseille un bol de kumis au petit déjeuner… nous le laissons profiter de sa boisson favorite, seul.

Ça attaque dur, enfin surtout pour nos canassons ; on dépasse, sans trop d’efforts (pour nous) les randonneurs à pieds. Le col atteint, nous apercevons le lac, une petite mer intérieure à 3.000 m d’altitude ; la vue est belle ! Il faut maintenant descendre vers notre campement que nous atteignons pour le déjeuner.

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Pour tuer le temps, je décide pour ma part de remonter à cheval pour une séance de galop sur les berges. Mon destrier finit par en avoir plus marre que moi ! Point de dada pour Charline qui préfère se consacrer à la photo pendant ce temps.

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Nous passons notre deuxième nuit dans une yourte tout confort, chauffée à la bouse de vache : il n’y a aucun arbre dans le coin et c’est le seul combustible. Ici l’Homme doit vivre en symbiose avec la nature et rien ne se perd (y compris la bouse donc !).

Le troisième jour, nous laissons Son Kul derrière nous pour rejoindre Kyzart. Après une dernière matinée à cheval nous sommes heureux d’en finir.

Il nous faut maintenant rejoindre Kochkor afin de se remettre en état de marche : une bonne douche s’impose et une lessive car nous sentons littéralement le cheval !

Kochkor, intersections des routes du sud, sa statue du grand Lénine et sa station de marshroutka où nous sommes pris en main par une dame adorable. Après un peu d’attente nous prenons la direction de Naryn, dernière ville avant la zone frontalière avec la Chine.

Festival folklorique

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En saison, plusieurs festivals sont organisés au Kirghizistan. Ils ont pour but de faire découvrir aux touristes les coutumes, les sports et la cuisine locale. Selon l’endroit et la date, ils rassemblent de nombreux touristes autour de l’évènement.

Les voyageurs qui viennent au Kirghizistan partagent le même sens de l’aventure et le gout des choses simples. Il est aisé de faire de belles rencontres côté voyageurs et côté kirghizes (notamment les enfants).

Après le montage d’une yourte traditionnelle et la préparation de quelques mets locaux, nous découvrons les jeux à cheval (Kök bürü, Kyz Kuumaï). Pour en savoir plus sur ces jeux et les autres traditions kirghizes, c’est par ici :

Après le montage d’une yourte traditionnelle et la préparation de quelques mets locaux, nous découvrons les jeux à cheval (Kök Bürü, Kyz Kuumaï). Même lors d’un festival, ça ne rigole pas avec le sport ; en témoigne, la petite « générale » lors du match de Kök Bürük.

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A la tombée de la nuit, les danseuses folkloriques ont embarqué tous les participants avec leur chorégraphie qui a lancé la soirée autour du feu de joie. Avec l’aide des locaux, on finit par trouver la yourte-bar qui vend des bières d’un litre. Un papy kirghize enflamme la piste de danse, et nous avec !

Pour l’anecdote, un kirghize est arrivé et a confié les rênes de son cheval à Charlie. La scène était loufoque : Charlie, une bière à la main droite, un cheval à la main gauche. Le mec est devenu voiturier, il garde les chevaux en soirée ! Il s’avère que le propriétaire n’est pas revenu de si tôt !

Le ciel est clair, le temps est parfait pour admirer les étoiles avant une petite nuit en yourte.

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Bishkek-Lenine

De Bishkek au Pic Lénine

Quand il s’agit de rallier Osh, deuxième ville du pays depuis la capitale Bishkek, il faut se préparer à une journée complète de taxi partagé (minimum 13 heures, pauses incluses ; 1200 soms).

Plus on s’éloigne de Bishkek plus la route se fait étroite et sinueuse. Il faut passer un premier col, celui de Tör-Ashuu à 3.586 m d’altitude avant de redescendre dans la belle et verdoyante vallée de Suusamyr. Un répit appréciable avant l’ascension du col de Ala-Bel et ses 3.184 m. On descend enfin sur Toktogul et son lac de barrage à l’eau multicolore (en fonction de la lumière).

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Si Toktogul (Tokto pour les intimes, nom donné en hommage au poète Toktogul Satylganov) peut paraître qu’une simple étape sur la route du sud, le visiteur qui prend son temps pourra profiter de la « passegiata kirghize » en parcourant les allées ombragées de son plan hippodamien.

Il y a aussi une plage, non loin de la ville qui permet de piquer une tête dans le lac de réservoir. Si il n’y a pas pléthore d’hébergement, le Rahat guesthouse est une valeur sûre. Tout ça fait de la ville une halte bien agréable.

Sary Chelek : musique, pique-nique, vodka, cuite !

En continuant la route du sud, on tombe après quelques virages et autres péripéties montagneuses sur Tashkumyr. De là part la route de l’Ouest vers le village d’Arkyt, dernière étape avant le superbe lac à l’eau cristalline de Sary Chelek.

Notre arrivée se fait sous une pluie battante. Pour le camping, ça ne s’annonce pas bien. Nous déjeunons comme nous pouvons sous le regard curieux des kirghiz venus pique-niquer. Invités à une table (ils ont eu pitié de nous) on me propose un verre de vin (jus de raisins alcoolisé serait un terme plus juste). Puis arrive l’incontournable vodka (de voda eau et suffixe ka petite). Un, deux, trois (Charline s’arrête)… cinq, six, sept verres pour l’équipe de France (moi) alors que l’équipe locale fait tourner ses joueurs.

Mais jusque là ça va encore. Le problème survient quand une deuxième équipe kirghiz entre sur le terrain. Là tout s’accélère… fin du match : Kirghizes 1 – 0 Charlie.

Charline doit me coucher avec l’aide du garde chasse dans une petite cahute (tout ça pour ne pas monter la tente sous la pluie). Elle continuera d’écouter la musique et les chants kirghizes accompagnés d’un accordéon et danser avec tout le monde.

Bref c’est sans honneur que je me lève péniblement le lendemain. Plus de pluie, le soleil se lève sur un des joyaux de ce pays. C’est vraiment beau. Il n’y a que le garde chasse et sa famille. Nous avons le lac pour nous au petit matin. Pas un cha… Puis les kiosques se remplissent des familles kirghizes pour le pique-nique du dimanche.

En fin de matinée, alors que nous nous décidons à partir, un groupe de personnes d’un âge certain nous invite à sa table… L’hospitalité locale fait qu’il n’est pas possible de dire « non ». Nous entamons notre descente à pied vers Arkyt avec un peu de retard. Après une pause déjeuner près d’un point d’eau, le minibus transportant nos amis déboule et nous propose de nous raccompagner au village.

Une fois à bord, tout le monde commence à s’ambiancer avec du Boney-M et de la musique kirghiz. Les papis mamies sont en folie, ça danse dans le minibus qui lui se balance sur la route défoncée… c’est un moment incroyable !

Arslanbob, Osh et le pic Lénine

Nous faisons étape dans l’enclave Ouzbek non officielle de Arslanbob ; quand je dis « non officielle », c’est qu’il en existe des officielles mais pas ici. Pourtant une majorité des habitants sont d’origines Ouzbek. Ce gros village est connu et reconnu pour son immense forêt de noyers. D’ordinaire assez tranquille, la bourgade s’anime lors de la récolte du fameux gland de Jupiter (la noix !).

Nous sommes hébergés dans une belle maison chez l’habitant, au CBT n°3. Notre hôte met un point d’honneur à accueillir ses invités. Il échange avec facilité sur la vie quotidienne, sa famille, les traditions ou encore l’histoire de son pays. Nous lui avons demandé ce qu’il avait retenu des années soviétiques à Arslanbob alors qu’il était professeur puis directeur d’école. Il témoigne des bons et des mauvais côtés.

Parmi les côtés positifs, il indique :

  • la nourriture était très peu chère et il y en avait pour tout le monde
  • l’école était gratuite, jusqu’à l’université
  • il n’y avait pas de frontière, le territoire formait un grand pays et il était aisé de se déplacer ; d’autant que le transport ne coûtait pas un kopeck 😉 … Ce qui n’est plus le cas aujourd’hui.

Quant aux côtés les plus négatifs, il évoque  :

  • les matériaux de construction étaient chers et disponibles en vente uniquement à la ville
  • « la non démocratie », dit-il sagement sans décrier le système
  • le cinéma qui ne diffusait que des films russes et indiens. Il précise qu’il se souvient du premier film français qu’il a vu, après l’indépendance

Depuis Arslanbob et après quelques heures de « Marshroutka », nous découvrons Osh sous un soleil de plomb. En se rapprochant du sud, l’influence Ouzbek se fait plus présente. Cela se voit des couvre-chefs à l’assiette en passant par les mosquées, de plus en plus présentes. La ville, accueillante, s’organise autour de son bazar, absolument gigantesque où l’on trouve à peu près tout et n’importe quoi. Ce marché ferait presque passer le « Osh bazar » de Bishkek pour une épicerie…

On trouve également au milieu de la ville, un parc d’attractions où les locaux viennent flâner entre une partie d’échecs ou autour d’un vieux Yak (l’avion, pas l’animal). Un peu à l’écart du centre, après avoir demandé notre chemin, nous trouvons LE coutelier de Osh : avec une soupape ou une lame d’amortisseur et une corne de yak (l’animal, pas l’avion), cet artisan talentueux vous fait un superbe couteau ouzbek que chaque homme devrait porter à la ceinture.

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Osh est la dernière ville sur la route du Pamir qui mène au Tadjikistan et au pic Lénine par Sary-Tash, notre destination. Nous rencontrons un couple d’allemands à l’arrêt de marshroutka, avec qui nous partageons ce bout de voyage pour le moins folklorique. Dans le minibus, déjà plein à craquer, il y a deux bidons de 25 litres de jus de framboises prêt à se renverser… et qui se renversent après 5 minutes de route (aucun suspens).

Un peu plus loin (guère plus loin !) nous croisons des vendeurs de pastèques : un premier passager ne peut s’empêcher de sauter sur cette occasion immanquable. Peu à peu, la fièvre acheteuse s’empare d’autres voyageurs et nous repartons avec cinq ou six pastèques qui roulent sous les sièges.

Encore trois arrêts pour éponger un nouvel épanchement de confiture, acheter du liquide de refroidissement et donner de l’argent à un type au bord de la route, nous quittons enfin Osh !

Après ces quelques drôleries qui font la beauté du voyage, il faut passer le col de Taldyk et ses 3.615 m qui ne sont pas une promenade de santé pour les véhicules de toutes tailles qui montent, descendent et se croisent sur cette route de l’impossible.

Une fois l’obstacle passé, la vue sur la vallée de l’Alaï et la chaine de montagnes éponyme est (vraiment) à couper le souffle.

Depuis le village de Sary-Moghol, « le Lénine » se dresse dans la lumière du soir devant nous… et il ne paraitrait même pas si haut que cela si on oubliait que nous sommes déjà à environ 3.000 m.

Encore quelques heures de transport (taxi partagé à 1200 soms) à travers la steppe quasi déserte et nous atteignons le point le plus méridional de notre périple au Kirghizistan, au pied du pic, un peu avant le camp de base.

Nos amis allemands et nous ne sommes pas seuls. Un troupeau de yaks broutent un peu plus bas et des marmottes courent un peu partout en poussant des cris aigus quand nous approchons ; à part ça, il n’y a pas un chat !

Nous passons une nuit difficile avec au programme 7 heures de pluie orageuses et une Charline malade. Mais le lendemain, la vue du pic est dégagée et nous en profitons toute la matinée.

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Les photos faites, la tente pliée, tout juste avant un nouvel orage, nous repartons pour Osh puis en direction de Bishkek le lendemain.

Felis Silvestris Catus

Felis Silvestris Catus

Depuis l’Antiquité, les Égyptiens divinisent le chat, alors sous les traits de la déesse Bastet, symbole de la fécondité et de l’amour maternel. De nombreuses momies de chats ont été découvertes et démontrent à quel point les Égyptiens les vénéraient. Plus récemment, Jacques Sternberg dans ses Contes Glacés écrivait fort justement je crois :

« Au commencement, Dieu créa le chat à son image. Et bien entendu, il trouva que c’était bien. Et c’était bien d’ailleurs. Mais le chat était paresseux. Il ne voulait rien faire. Alors plus tard, après quelques millénaires, Dieu créa l’homme. Uniquement dans le but de servir le chat, de lui servir d’esclave jusqu’à la fin des temps. Au chat, il avait donné l’indolence et la lucidité ; à l’homme il donna la névrose, le don du bricolage et la passion du travail. L’homme s’en donna à cœur joie. Au cours des siècles, il édifia toute une civilisation basée sur l’invention, la production et la consommation intensive. Civilisation qui n’avait en réalité qu’un seul but secret : offrir au chat le confort, le gîte et le couvert. […]. Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes des chats » …

D’Athènes à Istanbul, ils sont partout, lover, là où on s’y attend le moins et passant leur temps à attendre nourritures ou caresses et à regarder ce qui se passe autour d’eux. D’ailleurs, d’après le Littré, le mot chat vient du bas latin « cattus », et provient du verbe « cattare », qui signifie guetter. Ils surveillent ce que les Hommes et leurs fidèles compagnons (ndlr : les chiens) font, en somnolant pendant les deux tiers de la journée.

« Si les chiens ont des maitres, les chats ont des serviteurs » (Dave Barry)

On retrouve le félin en Asie et en particulier au Myanmar et en Thailande. Par exemple, le Tamra Meow (ตำราแมว – ou livre des Poèmes de chats) est un recueil thaïlandais de vers rédigé entre 1350 et 1767 qui décrit dix-sept types de chats porte-bonheur et six autres maléfiques.

Le roi Rama V qui aimait beaucoup les chat[-te]s (il a eu 77 enfants de 36 de ses 92 femmes) a demandé au moine de haut rang Somdej Phra Buddhacharn Buddhasarmahathera de copier et d’illustrer le Tamra Meow qui prit alors le nom de Samut Khoi des chats.

On raconte même que ce roi fit cacher tous les Khao Manee (un chat porte-bonheur, son préféré) du palais royal à l’arrivée des Anglais et des Français. La race fut préservée par des membres de la famille royale et il aurait offert des chats siamois (chat thaï – แมวไทย), présentés alors comme la race royale, à ces farang (étrangers).