Trabzon

The Trab-zone

Lorsque nous sortons des nuages en descente pour l’atterrissage, vers l’aérodrome de Trabzon, nous apercevons la ville et nous nous demandons pourquoi nous avons choisi ce coin. Cette ville portuaire et industrielle, composée de grosses masses de béton grises semble, sous un ciel pluvieux, d’une tristesse sans nom. Franchement, c’est la zone.

Grand comptoir commercial depuis l’Antiquité, elle est connue sous le nom de Trébizonde, dérivé du grec Trapezounta (Τραπεζούντα) ou Trapezous (Τραπεζοῦς), de Trapeza, la table, en raison de la forme de la montagne surplombant la ville. Malgré sa position stratégique entre Orient et Occident sur une des routes de la soie, son importance décroit jusqu’au VIIIe siècle, où elle retrouve de sa superbe. Comble du prestige, elle devient la capitale de l’empire de Trebizonde en 1204, après la chute de Constantinople lors de la quatrième croisade.

En 1461, elle tombe aux mains du sultan ottoman Mehmet II. Elle voit naitre un autre sultan, Soliman 1er, dit le « Magnifique » en 1494. Malgré cette domination, la ville restera majoritairement habitée par des Grecs jusqu’au premier conflit mondial. De 1915 à 1923, la ville et la région environnante du Pont connaissent l’épuration ethnique, voir l’extermination, des Grecs et des Arméniens par les Ottomans ; on parle de 350.000 victimes grecques et 10.000 arméniens. Pour finir le boulot, les ottomans dynamitent la cathédrale Saint Grégoire en 1926.

On arrive en pleine fête du Ramazan (Ramadan) et difficile de trouver une voiture de location. Nous finissons par trouver et quittons cette ville vers les montagnes en direction de la petite ville de Maçka. Notre route doit nous mener vers le camping de Livera, au milieu de la montagne… Sauf que la route se transforme en chemin et que la nuit tombe.

À destination, nous sommes accueillis par le chef d’une famille adorable qui nous fait le tour du propriétaire. Les dames s’affairent en cuisine et nous choisissons notre dîner directement dans les gamelles. C’est un « ouf » de soulagement pour les Cha qui sont épuisés par cette grosse journée qui a commencé à Istanbul.

C’est dans ce camping que nous faisons la connaissance de Ahmet qui voyage avec une amie à lui. Il m’est assez difficile de qualifier ce Ahmet (je vais quand même essayer) : sympa, adorable, facile à vivre, bricoleur, toujours zen et positif, bref un type génial. Il y a pourtant bien une chose qui l’énerve : le comportement de ce qu’il appelle « créatures », car pour lui ce ne sont ni des humains et encore moins des animaux, qui laissent des détritus sur leurs passages et se comportent mal vis à vis de la Nature.

Ahmet a déjà tout prévu (lui !). Il nous parle d’un plateau où il est possible de camper et nous sommes bien heureux de le suivre. On se retrouve au-dessus d’Uzungöl, à coté du hameau de Karester avec une jolie vue plongeante sur le lac et la vallée.

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Nous redescendons vers Çayeli pour aller se balader dans les plantations de thé qui font la renommée de la région. Là encore, grâce à notre ami, tout est plus facile. On se retrouve inviter à boire le thé et à manger des pâtisseries chez une dame qui exploite avec son mari une parcelle dudit arbuste.

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Au fur et à mesure de nos discussions, nous voyons arriver, par vague successive, des touristes qui n’ont de cesse de se prendre en photo au milieu des plantations. Concentrés à prendre LE cliché qui les rendra célèbre sur Instagram, ils n’ont que bien peu d’égards pour les plantes.

Lorsque nous apercevons deux pimbêches équipées d’une hotte et d’un sécateur, se prenant pour des cueilleuses de thé et massacrant allègrement les plants, Charline, excédée se précipite pour faire la police. S’en suit un coup de gueule qui les laisse pantoises. L’une des deux se ressaisit malgré tout et poursuit Charline afin de faire valoir son droit à esquinter les cultures pour une photo. Mal chaussée, elle choit lamentablement dans la boue…

Il est plus que temps pour nous de fuir. Heureusement, Ahmet a encore un plan ! Il a un ami qui connait un mec, qui connait un type… Bref, on finit par camper sur la terrasse d’un bar de plage à la sortie de Çayeli, en contre bas de l’autoroute, à côté de la cimenterie. Clairement pas le plus bel endroit de Turquie, mais c’est gratuit, le propriétaire est accueillant et comble du luxe, il y a même une douche !

Le lendemain, note bienfaiteur local, Ahmet, nous promet un vrai camping sauvage, en montagne, dans un petit village reculé où il est sûr que nous trouverons un endroit pour passer la nuit. Nous partons pour le plateau de Anzer et le village Balliköy.

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