Goreme

Göreme à pied

Après moult heures de bus, un saut de dolmuş et une petite course en taxi, nous atteignons Göreme, ses maisons troglodytes, ses cheminées de fée et ses sables multicolores.

L’histoire géologique de la Cappadoce commence il y a dix millions d’années par les éruptions successives des volcans Argée, Hasan et Göllü, qui s’étalèrent sur environ deux millions d’années. Les différents pyroclastes projetés dans les environs constituèrent des couches de 100 à 500 mètres d’épaisseurs qui forment le sol actuel de la région.

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Puis, une couche de basalte s’est déposée il y a environ 2,6 millions d’années, au dessus de ces tufs accumulés au cours des millénaires précédents. Ce basalte s’est progressivement fracturé sous l’effet du refroidissement climatique. L’eau s’est ensuite infiltrée par ces craquelures et a commencé le lent processus d’érosion. A une période plus sèche, c’est le vent qui a pris le relais. Les grains de sable ainsi soulevés ont exercé un effet abrasif sur les différentes roches. Les couches de tuf, plus tendres, se sont progressivement désagrégées alors que les blocs de basalte plus durs ont mieux résisté. C’est ainsi que ce sont formées les différentes formes que nous connaissons aujourd’hui.

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Les variations de couleurs des différentes couches de tuf sont dues aux différents éléments chimiques qui les composent et varient en fonction des diverses périodes de l’activité volcanique.

Malheureusement, le village s’est transformé en ville – disneyland, avec ses restaurants à la bouffe fade et hors de prix, ses boutiques de souvenirs bas de gamme et ses bars à chicha fréquentés uniquement par les touristes.

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Il faut enfiler ses chaussures de marche pour découvrir les environs. Les différentes vallées aux noms évocateurs (vallée de l’amour, de l’épée, des pigeons, rouge, rose ou blanche) offrent chacune des paysages différents. Si certaines ont des passages ombragés, il fait rudement chaud et il est préférable de les parcourir le matin ou en fin d’après-midi. En plus à ces moments, la lumière est plus jolie. Sans vous garantir la solitude, vous devriez être peinard pour profiter des différents points de vue et des églises troglodytes. Si vous ne deviez en voir qu’une celle aux quatre colonnes est vraiment belle.

Déjà utilisées sur la voie lycienne les applications Maps.Me et Trail Smart sont bien utiles pour se balader et accessoirement gratuites. Pour des détails, référez vous au blog Novo Monde et aux conseils avisés de Benoit.

Vallées de l'amour, blanche et Uçhisar

Notre première sortie débute au nord de Göreme. Le chemin grimpe sur la colline avant de redescendre dans la vallée de l’amour… nom imagé, donné en raison des nombreuses cheminées de fée aux formes pour le moins phalliques qui la parsème. Nous enchainons par la vallée blanche qui nous mène au village de Uçhisar.

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En remontant de la vallée, au lieu dit Bağlidere (ici) se tient un vendeur de jus d’orange qui nous arnaque (50 TL pour deux verres, au lieu de 20). Furieux, je barre la route à sa mobylette avec des pierres et des branches en amont du chemin. Quant à Charline, elle signale l’entourloupe sur une grosse pierre. Quelques instants après avoir fini ma construction, notre vendeur et son comparse se retrouvent bloquer. S’en suit une bonne engueulade dont j’ai le secret. Le second bonhomme, plus âgé et qui n’a pas assisté à la vente reste circonspect. Les deux gusses dégagent le chemin et passent…

Courroucés et affamés, nous poursuivons vers le village. Dans la montée, la deuxième personnage revient et nous rembourse la différence. Nous sommes agréablement surpris. Je m’excuse platement pour ma vengeance et lui pour la mal honnêteté de son camarade. Sans rancune donc.

A Uçhisar, si il vous reste un peu d’énergie le château vaut vraiment le coup; la vue sur Göreme et les vallées est sympathique. Il y a aussi une épicerie bien achalandée (la), ce qui a son importance en voyage ! Pour le retour, nous optons pour le dolmuş qui se prend en descendant vers l’ouest, sur la route principale.

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Boucle Gorëme, vallées des Pigeons et de Zémi

Nous débutons notre seconde randonnée au sud ouest de la ville en direction de la vallée des pigeons. Le chemin est parfois un peu difficile à suivre en raison des nombreux carrefours, mais rien de bien méchant. On retrouve Uçhisar, dont on peut admirer le versant est. On y voit de nombreuses habitations troglodytes avec leurs fameux pigeonniers, dont certains sont encore joliment décorés.

Le tracé remonte ensuite vers un point de vue au sud de Uçhisar, où nos amis venus d’un certain pays d’Asie descendent quelques instants de leurs gros bus climatisés pour prendre des photos.

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Bon a ce stade de notre récit de voyage, si vous trouvez que je sombre dans un racisme anti-chinois de base… vous aurez raison ! Je précise que je méprise seulement les touristes aux comportements exécrables que nous avons pu voir et non le peuple tout entier.

Bref nous quittons ce beau monde pour une vallée ombragée, avec quelques églises troglodytes sympa le long du chemin ou nécessitant un léger détour. Nous parvenons, par le sud de Göreme, à la vallée de Gorkundere, qui offre plusieurs points de vue sur les environs. De là vous pourrez aisément admirer les lever ou coucher de soleil ; ou « sunrise » et « sunset » pour ceux qui préfèrent les anglicismes…

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De Gorëme à Çavuşin par l'Akdag et Zelve

Je me décide à faire en solo le grand tour qui doit me permettre de grimper l’Akdag (« montagne blanche ») qui culmine à environ 1300 m. Le départ se fait avant les premiers rayons de soleil afin de voir les troupeaux de montgolfières au dessus des vallées. Si le spectacle est joli, les pilotes commettent parfois des imprudences pour épater les touristes.

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Je rencontre sur ma route un premier chien, blanc, puis un second, noir ; tous deux décident de me suivre malgré l’heure matinale. Nous visitons ensemble plusieurs églises dont l’une, celle aux quatre colonnes, m’émeut particulièrement.

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La grimpette commence en direction d’un point de vue situé à l’est de la vallée rouge. Plusieurs campeurs avisés ont d’ailleurs monté leurs tentes dans le coin. Petit plus, le parking en contrebas dispose d’un point d’eau.

C’est à ce moment que je fais une belle connerie. J’attaque la montée par la face sud, dans un éboulis, suivi d’une petite crapahute un brin dangereuse. Bien entendu il existe deux chemins qui mènent au sommet, sans danger… Passons.

De là haut, la vue est imprenable et embrasse toutes les vallées. Je poursuis mon chemin avec mes compagnons à poils qui jouent dans les herbes. La température commence à monter et il n’est pas encore 9h lorsque j’entame la descente, abrupte à la fin, vers le musée en plein air de Zelve (payant). Moins fréquenté que celui de Göreme, il est tout aussi joli. Hélas c’est là que mes amis à quatre pattes me quittent.

Je poursuis vers l’église de saint Jean Baptiste et les quelques cheminées de fée qui l’entourent. Je décide de ne pas y mettre les pieds à la vue des (trop) nombreux bus de chi… touristes.

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Ma route continue vers Çavuşin, son château et son église qui valent bien le crochet. Après ma visite de cette dernière, en descendant j’entends l’Ave Maria raisonné et je me rentre à Göreme, épuisé.